Musée
Un atelier d’artiste
« Mon logement est décidément charmant... »
Eugène Delacroix s’est installé rue de Furstemberg le 28 décembre 1857, abandonnant son atelier de la rue Notre-Dame-de-Lorette, trop éloigné de l’église Saint-Sulpice dont il avait été chargé, dès 1849, de décorer une chapelle.
Fatigué, l’artiste souhaitait être au plus proche de son œuvre, mais il n’était plus en mesure de faire chaque jour un long trajet. Aussi fut-il heureux de trouver, par l’intermédiaire de son ami le marchand de couleurs et restaurateur de tableaux Etienne Haro, un logement calme et aéré, tout près de Saint-Sulpice.
Une fois installé, Delacroix exprimera souvent dans son Journal et dans ses lettres son contentement :
Mon logement est décidément charmant (...). Réveillé le lendemain en voyant le soleil le plus gracieux sur les maisons qui sont en face de ma fenêtre. La vue de mon petit jardin et l’aspect riant de mon atelier me causent toujours un sentiment de plaisir.
(Journal, 28 décembre 1857)
Eugène Delacroix vécut dans cet appartement jusqu’à sa mort, le 13 août 1863.
La création du musée
Un musée créé à l’initiative des artistes
L’ Atelier Delacroix, nom sous lequel s’ouvrit le musée en 1932, fut porté et soutenu par des peintres, des collectionneurs et des conservateurs, émus, près de soixante dix ans après la disparition de Delacroix, du risque de destruction qui menaçait son ultime lieu de création. Aucun d’entre eux n’avait connu l’artiste, ni lui était lié. Leur motivation puisait aux sources de l’admiration profonde qu’ils portaient à l’art de Delacroix. Cette admiration était née de l’observation de ses toiles et de ses dessins, mais aussi, de la lecture attentive du Journal du peintre, publié pour la première fois en 1893. Elle fut la possibilité d’une rencontre avec l’homme et l’artiste. Grâce à ses écrits, Delacroix devint une présence tutélaire, mais aussi familière. Un maître que l’on admire, mais dont on connaît, aussi, les secrets et les fragilités.
Fondation de la Société des Amis d’Eugène Delacroix
L’inspiration insufflée par le Journal de Delacroix était demeurée vivace à la fin des années 1920 quand se fonda, sous la présidence de Maurice Denis, la Société des Amis d’Eugène Delacroix. Elle donna à l’entreprise de sauvetage de l’atelier une dimension inventive, que le courage et la ténacité de Maurice Denis couronnèrent de succès. Il importait qu’un tel lieu fût conservé.
Découvrir l’actuelle Société des Amis du musée Eugène Delacroix
Le musée devient musée national
En 1971, le musée Eugène Delacroix devient musée national.
Les façades et les toitures de l’immeuble, côté cour et côté jardin, ainsi que le musée, le sol du jardin et l’atelier ont été inscrites sur l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1991.
Grâce à l’acquisition, en 1992, d’une partie de l’appartement mitoyen de celui qu’occupait le peintre, le musée a été doté d’un nouvel espace d’accueil et d’une salle d’information.
En 2004, le musée Eugène Delacroix est rattaché à l’établissement public du musée du Louvre.
Le jardin
Un atelier au coeur du jardin
Lorsque Delacroix décida de quitter son grand atelier de la rue Notre-Dame-de-Lorette, au sein du quartier de la Nouvelle-Athènes, alors si à la mode, le choix de la rue de Furstemberg fut en grande partie conforté par l’existence du petit jardin dont il pouvait avoir la jouissance exclusive avec la possibilité d’y construire un atelier. Au cœur d’un quartier animé, il pouvait ainsi évoluer dans un îlot de verdure et de tranquillité. Dans ce jardin, d’environ 400 m², invisible depuis la rue, le peintre fit donc construire son atelier.
L’état ancien du jardin
Une facture, conservée à l’Institut national d’histoire de l’art, nous fournit de précieux renseignements sur l’état du jardin à l’époque de Delacroix. Intitulé « Mémoire de jardinage pour le compte de Monsieur Delacroix », ce document est daté du 26 novembre 1857. Il récapitule les travaux qui ont été effectués à la demande de l’artiste : d’abord une remise en état du sol, un élagage et la taille des massifs existants et de la vigne, la création de massifs de fleurs bordés de thym et la plantation d’un grand nombre de rosiers divers, groseilliers, framboisiers ainsi que plusieurs arbres. Le jardin devait avoir une végétation dense et très variée. Cependant, ce document, s’il souligne l’intérêt de Delacroix pour la remise en état du jardin, n’apporte pas d’indications précises sur la configuration du jardin lors de l’installation du peintre ou sur les plantations effectuées et il n’existe aucun croquis, même sommaire, du jardin.
Une reconstitution historique s’avérant délicate, une première rénovation, en 1999, a adopté une orientation délibérément contemporaine.
La restauration contemporaine du jardin
Une approche plus sensible, répondant mieux à l’atmosphère générale du lieu, est désormais proposée aux visiteurs depuis décembre 2012. Entièrement financé grâce au mécénat du groupe japonais Kinoshita, le projet, mis en oeuvre par Pierre Bonnaure, jardinier en chef des Tuileries, se rapproche davantage des écrits de Delacroix qui évoquent son plaisir pour un jardin de campagne foisonnant.