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Les animaux font le mur, célébration du 20ème anniversaire de la Galerie de l’Evolution du Muséum national d’histoire naturelle.
Du 17 septembre 2014 au 5 janvier 2015
Une lionne dans l’atelier d’Eugène Delacroix, Musée national Eugène Delacroix.
« Le lion est mort. Au galop. Le temps qu’il fait doit nous activer. Je vous y attends » : ce billet laconique que Delacroix adresse, le 19 juin 1829, à son ami le sculpteur animalier Louis-Antoine Barye, révèle dans quel état d’esprit fébrile le peintre se trouvait lorsqu’il étudiait les félins. On sait que le peintre pouvait passer des heures à observer les tigres et les lions allant et venant derrière les barreaux de leurs cages dans la ménagerie du Jardin des Plantes et qu’il ne manquait jamais une occasion d’assister à la dissection de l’animal dans le laboratoire d’anatomie comparée dirigé alors par l’éminent Georges Cuvier. Jusque dans les dernières années de sa vie, surmontant une santé chancelante, Delacroix a continué de se rendre au Jardin des Plantes, à copier "au soleil parmi la foule, d’après les lions". Il est certain que, dans le bestiaire de Delacroix, les félins tiennent une place de choix ; nombreux sont les auteurs qui y ont vu une personnalisation de l’artiste même, de sa part sauvage et fière.
Il écrit ainsi dans son Journal le 19 janvier 1847, soulignant combien son intérêt naturaliste est lié à son admiration pour la tradition picturale, celle de Pierre-Paul Rubens notamment :
« Cabinet d’histoire naturelle public les mardis et les vendredis. Eléphants, rhinocéros, hippopotames, animaux étranges ! Rubens l’a rendu à merveille. J’ai été, en entrant dans cette collection, pénétré d’un sentiment de bonheur. A mesure que j’avançais, ce sentiment s’augmentait ; il me semblait que mon être s’élevait au-dessus des vulgarités ou des petites idées, ou des petites inquiétudes du moment. Quelle variété prodigieuse d’animaux, et quelles variétés d’espèces, de forme, de destination ! (…) Les tigres, les panthères, les jaguars, les lions, etc. D’où vient le mouvement que la vue de tout cela a produit chez moi ? De ce que je suis sorti de mes idées de tous les jours qui sont mon monde, de ma rue qui est mon univers. Combien il est nécessaire de se secouer de temps en temps, de mettre la tête dehors, de chercher à lire dans la création, qui n’a rien de commun avec nos villes et avec les ouvrages des hommes. »