Frédéric Villot (1809 – 1875), peintre graveur et plus tard conservateur des peintures du musée du Louvre est un ami très proche de Delacroix, ils travaillent souvent ensemble. Lorsque Delacroix trouve un acquéreur pour le grand tableau de La mort de Sardanapale, Villot qui doit se trouver à ses coté, réalise une copie en utilisant exactement les mêmes couleurs.

Le Sardanapale de Delacroix

Dans le tableau La mort de Sardanapale, Delacroix évoque le dénouement de la pièce Sardanapale de Lord Byron (1788 – 1824), poète et dramaturge britannique. Assiégé dans son palais par ses ennemis, Sardanapale se donne la mort ; mais Delacroix imagine qu’il sacrifie avec lui, par le feu, ce qui lui appartient et sert ses plaisirs : femmes, pages, chevaux, chiens et trésors.

La présentation au Salon de 1827 de la Mort de Sardanapale par Eugène Delacroix fait scandale, moins pour l’évocation grâce à la pièce de Byron, de la figure d’un prince aux mœurs dissolues que pour le traitement singulier, en rupture avec les usages académiques, que le jeune peintre avait choisi pour son grand tableau. La composition culmine avec la figure de Sardanapale, allongé sur sa couche dans une attitude de calme serein, alors que son palais est la proie des flammes et que, sur ses ordres, ses eunuques tuent ses favorise et ses chevaux, qu’il a voulu attirer dans la mort.

Le Sardanapale de Villot

Les critiques furent violentes au moment de l’exposition de ce tableau extraordinaire, qui valut à son auteur d’être longtemps stigmatisé par les maitres de l’Académie. La mort de Sardanapale ne fut pas acquise par l’État ; Delacroix conserva l’œuvre dans son atelier jusqu’à son acquisition au milieu des années 1840 par le collectionneur britannique Daniel Wilson. Ce fut à cette occasion que Delacroix demande à son ami Frédéric Villot (1809 – 1875), d’en exécuter une copie, sans doute pour concevoir la gravure.

L’œuvre de Frédéric Villot, bien que de dimensions beaucoup plus réduites qui celle de la grande toile de Delacroix, est fidèle au tableau original. La composition tournoyante, formant comme dans la version de Delacroix une ellipse qui emporte le regard et ajoute à l’effet de drame recherché par le peintre, est portée non pas par le dessin des lignes de force, comme les préceptes le recommandaient, mais par la couleur évoquant tout à la fois la richesse, le luxure et les flammes.

Bibliographie

  • Dominique de Font-Réaulx et Marie Monfort (dir.), Une Lutte Moderne, De Delacroix à nos jours, catalogue d’exposition (Musée Delacroix, 11 avril – 23 juillet 2018), Louvre éditions / Le Passage