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Conférence :
Delacroix à l’épreuve de la fresque
Mercredi 27 mars 2019, à 12h30, auditorium du Louvre
Conférence Étude et restauration de Bacchus et un tigre. Delacroix à l’épreuve de la fresque par Bruno Mottin, conservateur général, Laboratoire de recherches, C2RMF, Françoise Joseph, restauratrice et Dominique de Font-Réaulx, musée du Louvre, à l’auditorium du Louvre.
Au début des années 1830, alors qu’il avait reçu sa première commande d’un décor monumental – les peintures du Salon du Roi de la Chambre des Députés à Paris -, Eugène Delacroix se lança dans la réalisation de trois fresques pour l’abbaye de Valmont, propriété, près de Fécamp, de ses cousins Bataille. Ces trois peintures, destinées à orner des dessus-de-porte, étaient inspirées de l’Antique, Bacchus et un tigre, Anacréon et la muse, Léda et le cygne. Delacroix n’alla jamais en Italie ; les connaissances qu’il avait de l’art de la fresque étaient sommaires et livresques. L’exécution de ces œuvres le plaça face à plusieurs difficultés qui le firent renoncer à utiliser la fresque pour ses décors monumentaux. La manière même du procédé, obligeant de peindre en un seul geste, ne convenait sans doute pas à l’artiste, soucieux de reprendre son travail à plusieurs reprises. Ces trois œuvres demeurèrent ainsi comme les seuls essais de fresques de la main du grand peintre romantique.
Déposées en 1991, les œuvres furent acquises, de manière onéreuse, par le musée Eugène-Delacroix. La dépose avait été complexe et les œuvres avaient, malheureusement, perdu de leur aspect originel. Leur état empêchait une présentation muséale et posait ainsi des questions essentielles de conservation, liées à l’usage initial de la fresque. Il était également impossible de déterminer ce qui demeurait de la main de Delacroix. L’étude conduite au C2RMF a permis de faire une analyse précise des œuvres, de leur état, des matériaux utilisés par le peintre et d’établir une cartographie précise des éléments demeurant. Cette étude a offert une connaissance précieuse des matériaux et des supports et a permis de mettre en œuvre la restauration de Bacchus et un tigre, par Françoise Joseph et Julien Assoun. La restauration a également permis de reprendre les supports des trois œuvres ainsi que leur mode de présentation.
Redonnant vie et sens à une œuvre méconnue de Delacroix, cette recherche portant notamment sur les matériaux de la peinture constitue un apport majeur à la recherche sur le processus d’élaboration créatif de Delacroix.
Les intervenants :
Dominique de Font-Réaulx est conservateur général au musée du Louvre, directrice de la Médiation et de la Programmation culturelle. De 2013 à 2018 elle a dirigé le musée national Eugène-Delacroix. Elle a été commissaire de nombreuses expositions dédiées à l’art du 19e siècle. Elle a dirigé et collaboré à plusieurs catalogues et ouvrages. Elle enseigne à l’École du Louvre et à l’Institut de Sciences politiques de Paris, en Master 2 Affaires publiques, où elle est conseillère scientifique de la filière Culture. Elle est, depuis 2018, rédactrice en chef de la Revue Histoire de l’art.
Françoise Joseph est conservatrice-restauratrice de peintures murales. Elle a acquis ses compétences en participant à la conservation et la restauration d’œuvres de Gustave Klimt comme la Beethovenfries, à Vienne en Autriche. Elle a ensuite travaillé sur des grands décors dont ceux d’Eugène Delacroix dans les églises Saint-Sulpice et Saint-Denys-du-Saint-Sacrement à Paris. Parmi ses autres chantiers, on peut noter la restauration des œuvres de Joseph Parrocel dans l’ancien réfectoire des Invalides, du Primatice dans la salle de Bal du château de Fontainebleau et de Charles de La Fosse dans l’église Notre-Dame-de-l’Assomption à Paris.
Elle a abordé la problématique des peintures fragmentaires et la question sensible de la restitution d’une architecture disparue lors de sa participation à des chantiers archéologiques et d’interventions en cavités naturelles et en espaces construits (peintures murales bouddhiques sur argile crue du site de Mes Aynak en Afghanistan, site de Karadong daté du 3e s. après J.-C. en Chine, peintures antiques de Reims ou Paris ou encore fresques d’Eugène Delacroix à l’abbaye de Valmont).
Son désir de promouvoir la discipline de la conservation-restauration et de partager ses réflexions sur les peintures murales l’ont amenée à participer à de nombreux colloques internationaux et à enseigner dans le cadre de la formation professionnelle de Conservation-restauration des Biens Culturels à l’université de Paris I, Panthéon-Sorbonne.
Bruno Mottin est conservateur général du patrimoine au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) où il est chargé des études de laboratoire des peintures de chevalet. Il travaille à ce titre pour tous les musées de France, sur les peintures occidentales datant du 14e siècle au début du 20e siècle. Il travaille tout particulièrement sur Léonard de Vinci (il est co-éditeur de l’ouvrage Au cœur de la Joconde, Léonard de Vinci décodé, Paris, Gallimard, 2006), Raphaël, Rembrandt, Goya et Courbet.