Victoria est une pièce de théâtre aux rebondissements romanesques. Le cruel comte Ariosto veut épouser sa pupille Victoria, une riche orpheline amoureuse du jeune Elfredi. Pour parvenir à ses fins, il tente de tuer son rival par le fer et le poison. Mais la morale est sauve, il est finalement victime de ses propres armes. Tout est bien qui finit bien. Victoria finit par épouser le bel et généreux Elfredi.

Delacroix écrit probablement cette pièce vers 1815-1817. Très jeune, il est donc déjà sensible à l’art théâtral.

Trois écrits du jeune Delacroix : Victoria, Alfred, et Les Dangers de la cour

Delacroix dit avoir hésité entre une carrière d’homme de lettres ou de peintre. Que je voudrais être poète. Mais au moins, produis avec la peinture, s’exhorte–t-il dans son Journal le 11 mai 1824. C’est probablement pour cette raison qu’à peine âgé de seize ou dix-sept ans, il tente d’écrire des œuvres de fiction. Il rédige alors des nouvelles romanesques et cette pièce de théâtre, Victoria.

Grâce à la générosité de Pierre et Nicole Guénant, trois écrits de la jeunesse du peintre sont entrés dans la collection du musée Delacroix en 2012 : une pièce de théâtre, Victoria, et deux nouvelles, Alfred et Les Dangers de la cour.

Un peu d’insistance est nécessaire, et une fois la machine lancée, j’éprouve en écrivant autant de facilité qu’en peignant .... 

Armé d’une solide culture littéraire, grand lecteur d’auteurs antiques, classiques et contemporains, Delacroix n’a jamais cessé d’écrire. Son abondante correspondance a été rédigée avec la recherche du mot juste et d’une belle expression du sentiment. On recense près de deux mille lettres adressées à ses proches ou à ses relations. Le peintre tint son Journal, de 1822 à 1824, puis régulièrement à partir de 1847. Il y a consigné ce qu’il vivait au quotidien, ses projets, ses réflexions, mais aussi des passages de ses lectures, tenté de rassembler ses critiques d’art. Plus qu’une biographie égocentrique, le peintre trouve dans ses écrits un matériau d’inspiration pour ses tableaux. Il revisite en mémoire ses souvenirs et les transforme en images et en couleurs.

Bibliographie sélective

  • Dominique de Font-Réaulx, « Musée Delacroix. Nouvel accrochage, Portrait d’un peintre écrivain, » in Grande Galerie-Le Journal du Louvre, juin-juillet 2013, n°24.
  • Dominique de Font-Réaulx (dir.), Eugène Delacroix, écrivain, témoin de son temps-Ecrits choisis, Paris, Flammarion, 2014.
  • Dominique de Font-Réaulx, Servane Dargnies (édition), Eugène Delacroix, les Dangers de la cour, suivi d’ Alfred et de Victoria, Paris, Flammarion, 2018.